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L’Almont à Melun était-elle un lieu de vie ou un marais pestilentiel (voir Shrek) ?

En voyant cette affiche de 1878 on ne peut que penser au film “Les enfants du Marais” avec Jacques Villeret.

Que sont ces colons ? Faut-il l’entendre au sens de la colonisation, qui serait ici la transformation de terres marécageuses en terres habitables : maisonnettes, jardins…

Le fait que ce soit la 7^ème année laisse supposer qu’elle a débuté au lendemain de la guerre de 1870 : envie de s’amuser après les contraintes de la guerre ?

Le dessin respire la bonne humeur et la bonhommie: L’inspiration est très fortement tournée vers l’eau, la pèche..

On remarquera que le titre principal “Fête de la Colonie du Marais” et les lettres “bal” ont une inspiration piscicole…

Les grenouilles, anguilles et canards sont aussi de la fête.

Une mise décente est de rigueur, cela sent l’humour comme le nom du président “Débonnaire”… et pourtant c’était bien son nom…

Les activités:

• Pour les garçons : mât de cocagne, de beaupré, courses en sac…

• Pour les demoiselles : jeu du fil, jeu des ciseaux, course à l’œuf…

• Tir, pèche des étangs le dimanche à 4h du soir

• le bal et le banquet qui l’accompagne sont surement les moments forts :

• illuminations féériques de l’avenue de Trois-Moulins, des étangs et de la prairie…: cela laisse supposer que la fête était en allant vers Trois-Moulins et que la rue du même nom en était le chemin d’accès depuis Melun.

• feux de Bengale, fusées, bombes…

• bal sous une tente richement décorée et éclairée (12 musiciens)

lundi à 2h : Grand concert vocal, offert aux dames des sociétaires et de la ville de Melun. On a l’impression qu’en représentant des grenouilles qui chantent, les colons se sont représentés eux mêmes… Qui sont ces sociétaires : les membres des sociétés de pèche (on pense aux “Anguilles melunaises”) ?

On donne à la fête une dimension grandiose:

• Les 3 journaux de la ville publieront le programme

• Les horaires de départ (trains) depuis Paris : 6h45′, 7h25′, 8h50′, 9h10′, 9h50′, 11h50′, midi 10′…

D’après les souvenirs de Henri Ménard, la fête des marais ou fête des grenouilles était illuminé par des godets à huile sur le chemin de Trois-Moulins. Des bateaux enguirlandés de lampion descendaient l’Almont. Le banquet traditionnel des grenouilles avec le père Débonnaire, créateur de a fête, où l’on servait de la matelote d’anguille. Cette fête placée sous le patronage de St_Grenouillard, avait été créé en 1875 par les colons qui fondèrent la colonie des marais dans un lieu désert, marécageux et pestilentiel.
“MELUN à la Belle Epoque” par RC Plancke (éditions Amatteis)

Cette fête existait encore en 1927, année du mariage de mes grands-parents originaires de la rue de Trois-Moulins et de Trois-Moulins… J’ai des photos de cette fête…

Image extraite de “Melun, mémoire en Images”, Université Inter-Ages (édition Alan Sutton). Monographie réalisée par une équipe d’étudiants de Melun, animés par André Laurent et Régine Riffaud.

Du pont de Maincy (Trois-Moulins) jusqu’à la Seine, on trouvait un certain nombre de lavoirs sur l’Almont.

• entre le bas de Trois-Moulins et le moulin Farineau, il y avait quelques lavoirs privés : pont de Maincy, vers le pont actuel de la Pénétrante, vers le moulin…

• au niveau de la place Breton se trouvait un lavoir public. On aperçoit, en avant, une brouette chargée de linge. A noter la bouée accrochée au dessus de la porte. La proximité de cette gente féminine près de la caserne Breton est surement à l’origine des quelques graffitis que l’on distingue sur la porte…
• entre la place Breton et la rue St-Liesne, se trouvaient encore certainement quelques lavoirs privés. Je n’en ai pas trouvé de reproductions.

• Près du pont de la rue St-Liesne se tenait un lavoir flottant. Sur des photos des inondations de 1910, on retrouve ce lavoir sur la rue St-Liesne…

lavoir le long du mail Gaillardon © collection particuliers

• De l’autre côté du mail Gaillardon (pré de Dame Alix), au fond de jardins privés, se trouvaient encore plusieurs lavoirs privés. On distingue sur cette photo le lavoir (à droite) et le linge qui sèche (à gauche), ainsi que le clocher de l’église St-Aspais (détruit pendant la guerre 1939/45).

Ces lavoirs ne devaient pas être en nombre suffisant et on avait installé sur la Seine un certain nombre de Bateaux-lavoirs pour que les ménagères puissent assurer le nettoyage des vêtements…

Les 2 derniers ponts, en aval sur l’Almont, sont sans aucun doute les plus importants.

Le pont Saint-Liesne a été reconstruit en pierre en 1841. Il permet à une importante voie de communication, la route de Bourgogne (actuelle rue Saint-Liesne), de traverser la rivière. Tout ce quartier a subit des modifications importantes au milieu du XIXe siècle : création de la Place Saint-Jean, modification du tracé de la rue Saint-Liesne…

pont Saint-Liesne et lavoir flottant © collection particuliers

Ce pont est inauguré en présence du Duc d’Aumale dont il prit le nom. Il reprend le nom de pont Saint-Liesne après l’exil du duc en Angleterre avec la chute de la monarchie de Juillet en 1848.

Le pont Marat est le dernier puisqu’il est construit le long de la Seine. Il permet aux voyageurs et aux marchandises, mais aussi au XIXe siècle aux mariniers, de longer la Seine. Construit en pierre en 1842, il remplace un pont de bois : le pont Gaillard, du nom du Président du Tribunal de Melun sous le Directoire. Pourquoi ce nom de Marat : sans doute à cause d’un procès qui eut lieu à Melun en 1792 en relation avec Danton, Marat et Duport…

pont Marat (ou Marin) © collection particuliers

Il est à noter que ce pont est parfois appelé populairement : pont Marin… Comme il marquait une des entrée de la ville, un octroi permettant de payer une taxe sur les marchandises était situé tout près de lui.
Ce pont a subit des modifications importantes dans les années 70/80 lors de l’élargissement du carrefour où il est situé.

S’il en est un qui est connu dans le monde entier, c’est le Pont de Maincy, peint par Cézanne, même si ce n’est pas vraiment un pont mais plutôt une passerelle pour piétons construite vers le milieu du XIXe. Pourtant cet endroit était un lieu de passage assez important puisqu’il s’agissait d’un chemin qui permettait d’aller du nord de Trois-Moulins jusqu’à Vaux-le-Pénil. Le passage se faisait à gué car l’Almont est peu profonde à cet endroit.

© collection particuliers

A quelques exceptions près, la plupart des ponts de la région datent du milieu du XIXe et sont le résultat d’un effort national de d’améliorer les voies de communication

Le pont du Coudray est sans aucun doute assez récent et à remplacé le point de passage ci dessus.

Le pont qui relie les 2 rives des quartiers dit de l’Almont (grands ensembles) est le plus récent. Il n’existe que depuis les années 1970.

© collection particuliers

Le pont près de la Place Breton a sans doute été construit avec le développement de ce quartier vers la fin du XVIIIe avec l’installation d’une fabrique de « toile indienne » près du moulin Farineau, puis l’installation de la Caserne Breton dans les anciens locaux de cette fabrique.

Un autre pont, plus petit, permettait de passer sur une île formée par les bras de l’Almont entre les 2 moulins. Si les différents bras de la rivière ont été remodelés pour n’en former qu’un, cette « passerelle » existe toujours en tant que « chemin » mais n’enjambe plus rien.

(à suivre)

Les pluies qui sont tombées la semaine passée nous rappellent que le cours d’un fleuve ou d’une rivière est soumis à des variations du niveau d’eau qui peut entrainer de graves inondations. Ces derniers jours l’Almont est un peu sortie de son lit vers le pont de la Pénétrante. Une autre partie, du mail Gaillardon jusque vers le moulin de Poignet, est régulièrement soumise à la montée des eaux de la Seine.

© collection particuliers

On ne peut oublier les inondations de 1910 qui ont fait monter le niveau de la Seine mais aussi celui de l’Almont comme nous montrent plusieurs cartes postales de l’époque : rue de Trois-Moulins, bas de la rue St-Liesne, rue des Marais (actuelle rue Camille Flammarion)…

Ce sont ces mêmes inondations qui ont contraint Henry de Monfreid a arrêter sa distribution de lait dans Melun.

la rue de Trois-Moulins et les jardins ouvriers en bas de la rue Tappereau
© Photo Michel V. (1983)

Ces inondations étaient-elles exceptionnelles : oui et non !… On retrouve à plusieurs époques des inondations importantes et les dernières que j’ai bien connues ont inondées du Pont de Cézanne à la rue St-Liesne, inondant quelques caves au passage.

pont du Coudray en bas de Trois-Moulins en 1983
© Photo Michel V. (1983)

Y en aura t-il d’autres : surement ! Même si certains aménagements ont été réalisés, on ne peut empêcher la montée des eaux que le moindre incident (bois flotté comme en 1983) vient aggraver… je m’inquiète pour certains réalisations immobilières vers le bas de Trois-Moulins ou le quartier du Marais…

Lorsqu’on compare l’Almont actuelle avec les photos ancienne, on remarque la disparition des bateaux. Cette constatation peut être étendue à la Seine.

Pêcheurs ou chasseurs vers l’amont © collection particuliers

On retrouvait sur la rivière :

• la barque du pêcheur ou du chasseur
• la “plate” pour les activités rurales
• la barque ou le canoë de promenade

Promeneur en canoë sous le pont de la Rue St-Liesne © collection particuliers

Cette navigation était limitée entre la Seine et le Bas de Trois-Moulins, de plus plusieurs chutes barraient le cours d’eau : moulin de Poignet, moulin Farineau (scierie Ganot).

L’embouchure servait aussi de port abrité pour les barques des pêcheurs de Seine. Un projet a même voulu faire du mail Gaillardon un port pour les mariniers…

La vallée de l’Almont avait un peu un air de Marais Poitevin…

Un certain nombre d’historiens font remonter l’origine du nom Almont au mot “limon” (almondi), ce qui semblerait indiquer le caractère “nourricier” de cette rivière.

Pont et lavoir des marais © collection privée

Un quartier de Melun, comme pour Paris, était nommé le “marais”. Dans mes recherches familiales sur les maraichers je me suis aperçu que, encore au XIXe siècle, un “marais” était le nom donné à un jardin maraicher (même étymologie). Qui plus est, ces jardins étaient dans l’actuel quartier du marais de Saint-Liesne (la rue des marais a été rebaptisée rue Camille Flammarion). Y a t-il une autre explication à ce nom d’Almont ? Il faut se rappeler qu’en amont du parc de Vaux-le-Vicomte le ruisseau prend plusieurs noms : Ancueil (Anqueil), Ancoeur.

Et si, à l’image de Vaux-le-Vicomte et Vaux-le-Pénil (vaux = vallées), Almont venait de “mont” et signifie plutôt “par delà les monts” ou “en amont” ? Sur les sites de toponymie, je n’ai rien trouvé sur ce nom. Par contre on apprend que “aln” (Aulnoy) signifie aulne…

Aujourd’hui démarre à l’Astrolabe (médiathèque de Melun) une série d’expositions liée à l’Almont (voir Almont 2008).

La première exposition : Au fil de l’Almont, placée sous le signe du patrimoine et des archives, a lieu dans les vitrines de la salle des archives (3^e étage) du 1^er avril au 21 mai 2008.

La seconde : l’Almont, liée à un projet pédagogique avec les médiathèques des quartiers de l’Almont et des Mézereaux, aura lieu du 15 avril au 15 mai 2008 dans les vitrines de la médiathèque.

Associé à ce projet, je vais commencer aujourd’hui à publier une série d’articles sur ce thème.

J’ai choisi cette reproduction de carte postale pour commencer cette série (© collection privée) : cette « passerelle » nous donne un côté rustique, sauvage, mais pas inaccessible de l’Almont. On aperçoit sur le côté une charrette, signe d’activité humaine.

Pour ce premier article, je vous propose une sélection de pages de mon site directement liées au thème de l’Almont.

• Le village de Trois-Moulins (désigné comme le « petit Trianon » de Melun dans un article de journal de 1955)

• Le pont de Maincy (tableau Cézanne)

• Les fontaines (tableau Alexandre Antigna)

• article de M. Clayette sur la rue de Trois-Moulins

• l’Almont de Trois-Moulins à Melun

• les maraîchers

• un inventaire maraîcher dans les « marais » de Saint-Liesne

• l’Almont en aval de Trois-Moulins (Vaux-le-Vicomte, Maincy)

• Introduction du site 3moulins.net

L’équipe des médiathèques de Melun a baptisé “Almont 2008″ un projet éducatif basé autour du patrimoine et de l’environnement de cette rivière qui traverse les quartiers nord de Melun (voir page ci contre “Almont 2008“).

Afin de découvrir l’histoire et connaître l’écosystème de ce cours d’eau, des classes de l’école Almont 1 et les centres sociaux (Almont et Mézereaux) ont suivi un cycle d’animations proposé par l’Astrolabe.

Octobre 2007 : l’Almont sur le terrain.

Equipés de bottes, épuisettes et loupes, encadrés par les animateurs de l’ASMSN, nos naturalistes en herbe ont arpenté le parc Spelthorne et étudié de près la faune et la flore des bords de l’Almont.

Février 2008 : l’Almont sur papier.

Nos archivistes en herbe ont découvert les documents iconographiques (plans, cartes postales anciennes) concernant l’histoire du quartier de l’Almont et de son cours d’eau lors d’une visite au service Patrimoine de la médiathèque et à celui des Archives de Melun.

Les jeunes ont visionné à la médiathèque trois documentaires issus de « Ma planète chérie » : le cycle de l’eau, le parcours d’une rivière et le fonctionnement d’une station d’épuration

En complément de ce cycle, des animations sont ouvertes à tous :

Expositions à l’Astrolabe

• Au fil de l’Almont

1ER AVRIL AU 21 MAI
Des Trois-Moulins à la Seine, suivez l’Almont et l’évolution de ses rives.
Vitrine, niveau 3.

• Il était une fois… l’Almont

15 AVRIL AU 15 MAI
Exposition des travaux réalisés par les jeunes de l’école Almont et des centres sociaux (maquettes en matières recyclées, affiches, photographies, projection de diaporamas).
Vitrine, niveau 0.

Ateliers d’écriture

Cours d’eau de l’Almont

Samedis 17, 24, 31 mai ; 7 juin 15h-18h (sur inscription)
La médiathèque de l’Almont vous propose un atelier promenade-écriture autour du cours d’eau de l’Almont. Venez vivre le plaisir d’écrire en groupe tout en cheminant le long du rû de l’Almont.
Atelier animé par Marie B Guérin de l’association CICLOP.

Contes

• Au fil de l’eau

Vendredi 23 mai 2008 20h
Contée pour tous à partir de 6 ans sur le thème de la rivière.
Centre social de l’Almont, rue Claude

La médiathèque Astrolabe de Melun a élaboré un programme baptisé “Almont 2008″ autour du patrimoine et de l’environnement de la vallée de l’Almont.
Ce projet, principalement éducatif, associe divers services de la médiathèque (Astrolabe, médiathèques de quartiers, fonds anciens, Archives de Melun, Patrimoine, etc.), des classes de l’école de l’Almont, les Centres Sociaux de L’Almont et des Mézereaux, l’ASMSN (Association Seine et Marnaise pour la Sauvegarde de la Nature), le groupe Aspects du Patrimoine de l’UIA (Au fil de l’Eau, au fil du Temps) et moi même par l’intermédiaire de mon site “3moulins.net”.
Cette coopération débouchera sur des visites organisées, la réalisation de films ou diaporama, des expositions (Astrolabe, médiathèques de quertiers…), la publication de documents Internet (UIA et/ou 3moulins.net), etc.
Je vous tiendrais informé sur mon blog (mot clé “Almont 2008“) de l’avancée des travaux et des diverses manifestations.

l’Astrolabe (Melun)
l’Université Inter-Ages de Melun
A.S.M.S.N.

site 3moulins.net

Lucien@3moulins
(Lucien Varlet)