Archive for the 'Seine-et-Marne' Category

La crue de 1910 (10)

Lundi, janvier 25th, 2010

25 janvier 1910

Melun : De nombreuses maisons sont étayées, menaçant de s’effondrer. A la Maison centrale, inondée par infiltrations d’environ un mètre, les détenus s’agitent : il a fallu les rassurer. Trois d’entre eux ont été retirés des cellules-caves quelques minutes avant que celles ci ne soient submergées. Le préfet de Seine-et-Marne et le commandant de gendarmerie circulent dans les rues inondées, engageant les habitants à quitter leurs demeures menacées d’éboulement.

(le Petit journal N°17197, 26 janvier 1910)

ELD 5

ELD N°5 - Melun - Quai de la Courtille - © collection LV

La crue de 1910 (9)

Dimanche, janvier 24th, 2010

24 janvier 1910

Montereau : cette nuit le vent a soufflé avec rage ; aujourd’hui encore, il soulève en vagues les eaux débordantes ; la pluie tombe à torrents entrecoupée de rafales de grêle. Les rues de la ville restent sous l’eau ; la promenade principale est convertie en un lac immense. Les usines sont impraticables. Le chômage est général.
(le Petit journal N°17196, 25 janvier 1910)

La Seine à Melun : la panique s’est fait sentir à Melun. Hier soir, l’avenue des Marronniers, les quais Pasteur, des Fourneaux, de la Courtille étaient submergés, et le quartier bas était envahi. En vain on invitait les habitants à se réfugier dans les locaux mis à leur disposition par la municipalité ; la plupart ne voulaient pas quitter les immeubles et se blottissaient les uns contre les autres sous les combles. A dix heures, comme on manifestait des craintes pour les ponts, on a sonné la générale, notamment dans les quartiers Notre-Dame, Saint-Aspais et Saint-Ambroise. Défense de stationner sur les ponts, qui pourraient s’écrouler sous le choc d’une grosse épave. Deux sections du 31e de ligne ont sauvé des habitants et en ont ravitaillé d’autres. L’électricité faisant défaut, la ville était plongée dans les ténèbres. dans les caves de la Banque de France clapotait une eau bourbeuse. Enfin, la prison était cernée par les eaux, et les locaux où s’effectue d’habitude le travail obligatoire étaient inaccessibles.

(Le Briard, mercredi 26 janvier 1910)

ELD 7

ELD N°7 - Melun - Le Pont de fer (pont aux moulins) - © collection LV

La crue de 1910 (8)

Samedi, janvier 23rd, 2010

23 janvier 1910

Montereau privé de pain

On craint pour les ponts de Melun
A Melun, la Seine continue à monter avec rapidité. La cote atteint actuellement 5 mètres 80, dépassant de 52 centimètres celle de 1866.
Dans plusieurs quartiers les secours sont portés aux habitants au moyen de barques.
Hier soir, on a sonné la générale. Deux maisons qui menaçaient ruine ont été évacuées. Il est interdit de stationner sur les ponts, car on craint pour ceux-ci qui sont à la merci d’une grosse épave.
Les quartiers Notre-Dame, Saint-Aspais et Saint-Ambroise sont dans une situation très inquiétante.

(le Petit Parisien N°12140, 24 janvier 1910)

ELD 3

ELD N°3 - Melun - Le Pont de fer (pont aux moulins) - © collection LV

La crue de 1910 (7)

Vendredi, janvier 22nd, 2010

22 janvier 1910

A Melun, le tramway électrique a suspendu son service ; la voie du tramway départemental de Verneuil est sous l’eau. En gare, le service s’arrête à la station de Trois-Moulins.
La crue de 1866 est dépassée et le service de la navigation annonce que la crue va encore augmenter jusqu’à demain, lundi [24].

(le Petit journal N°17194, 23 janvier 1910)

On voit, sur la carte ci-dessous, la gare du Mail Gaillardon et une voiture du Tacot de Verneuil dans l’eau.

Crue mail Gaillardon

ELD N°16 - Melun - rue de Gaillardon - © collection LV

La crue de 1910 (6)

Jeudi, janvier 21st, 2010

21 janvier 1910

Au service hydrométrique du bassin de la Seine, on nous a déclaré que cette crue était comparable aux crues mémorables des années 1872, 1878, 1879, 1882 et 1883.
Le maximum atteint pendant la crue de 1878 a été de 6 m. 50 au pont de la Tournelle et de 7 m. 30 au pont Royal, et nous n’en sommes pas encore, heureusement, à ces chiffres formidables. Dans l’après-midi d’hier, on cotait 4 m. 62 au pont de la Tournelle et 5 m. 77 au pont Royal.
Mais la hausse continue et voici quelles étaient les prévisions d’hier soir (environ d’ici à lundi [24]) à Paris :
Pont d’Austerlitz, la côte 5 m. 90 ;
Pont de la Tournelle, la côte 5 m. 70 ;
Pont Royal, la côte 6 m. 60 ;
et à Bezons, la côte 6 m. 30.
Crue analogue à celle de 1882/1883. Maxima atteints sur les affluents de l’Yonne.

On a lu plus haut le véritable désastre survenu au hameau de Lorroy, près de Château-Landon ; mais tout le département a souffert des inondations.

A Melun, la crue de la Seine continue progressivement, et le service de la navigation annonce officiellement que le fleuve montera encore environ d’un mètre. A Melun, on cotait hier soir 5 m. 10 ; le niveau de l’inondation de 1866 sera dépassé.
Vers 5h40 l’usine d’électricité a cessé de fonctionner par suite de l’eau qui a envahi l’établissement. La ville a donc été sans lumière électrique et sans force motrice.
Un négociant en bois, M. Boussaingault, a vu disperser par le flot deux mille stères.

(le Petit journal N°17193, 22 janvier 1910)

ELD 4 bis

ELD N°4 (bis) - Melun - Le grand moulin - © collection LV

La crue de 1910 (5)

Mercredi, janvier 20th, 2010

20 janvier 1910 : la crue s’intensifie mais on ne parle pas encore de Melun dans les journaux régionaux.

Hier soir, le service hydrométrique communiquait la note suivante : Seine à Paris
Confirmation d’annonce de crue.
D’après les nouvelles des stations météorologiques, la crue de la Seine signalée précédemment, pourra atteindre (environ d’ici dimanche 23 janvier), à Paris :
Pont d’Austerlitz, la côte 5 m. 00 ;
Pont de la Tournelle, la côte 4  m. 80 ;
Pont Royal, la côte 5 m. 80 ;
Et à Bezons, la côte 5 m. 60.
Crues générales.

(le Petit journal N°17192, 21 janvier 1910)

Je commence à publier une série de cartes postales de Melun (éditeur ELD). La vue ne correspond pas forcement à la date de l’article …

ELD 4

ELD N°4 - Avenue des Marronniers - Octroi de Vaux - © collection LV

La crue de 1910 (4)

Mardi, janvier 19th, 2010

19 janvier 1910 : Le mauvais temps ne touche pas que la région parisienne.

Tandis que le vent, soufflant en tempête, dévaste les régions maritimes et cause des naufrages, les crues provoquées par l’abondance de pluies prennent dans beaucoup de contrées et notamment aux environs de Paris des proportions inquiétantes.
Le mauvais temps continue. Les ruisseaux et rivières débordent et, de nouveau, dans la région parisienne, la Seine vient de sortir de son lit. Cette conséquence est due à l’apport considérable des affluents du grand fleuve : l’Yonne, la Marne et le Grand-Morin, dont
le Petit Journal annonçait, hier, la crue inquiétante.
Sur les bords de la Seine, on travaille activement pour mettre en lieu sûr les matériaux. A Bercy, on a été surpris par la rapidité de l’élévation du niveau de la Seine ; aussi des fûts, qui n’ont pu être rentrés à temps, baignent dans l’eau.
L’écluse de Port-à-l’Anglais a été ouverte, hier matin, et l’heure est proche où il faudra ouvrir le barrage de Suresnes pour faire baisser les eaux dans la traversée de la capitale.
On prévoit, au service de la navigation, une nouvelle crue d’ici deux ou trois jours.
On va voir que la tempête, les crues et les inondations sont presque générales en France et que l’étranger n’est pas épargné par le mauvais temps…

(le Petit journal N°17191, 20 janvier 1910)

La crue de 1910 (3)

Lundi, janvier 18th, 2010

18 janvier 1910 : une crue de la Seine débute. On n’en perçoit pas encore l’importance et c’est à la rubrique “Faits Divers” que l’on trouve l’information.

La crue de la Seine
D’après les nouvelles des stations météorologiques, la crue actuelle de la Seine pourrait atteindre, d’ici à demain, à Paris :
Au pont d’Austerlitz, la cote de 2m75 ; au pont de la Tournelle, 2m65 ; au pont Royal, 3m80, et à Bezons, 3m70.

(le Petit-Parisien N°12135, 19 janvier 1910).

Plus localement, en amont, on s’inquiète un peu :

Coulommiers, le 18 janvier.

Par suite des pluies incessantes, le Grand-Morin a subi dans la journée une crue de plus de deux mètres. Toute la vallée est inondée, les routes sont coupées.
A Coulommiers, la rue de Paris est pleine d’eau. On redoute pour cette nuit une nouvelles crue qui inonderait toutes les parties basses de la ville.
Les plus grandes précautions sont prises par les riverains.

(le Petit-Journal N°17190, 19 janvier 1910)

Catastrophe de Lorroy (suite)

Dimanche, janvier 17th, 2010

De notre envoyé spécial : Nemours, 22 janvier [1910]

Des quelques maisonnettes, qui, à mi-chemin de Souppes et de Château-Landon, constituaient le minuscule hameau de Lorroy, il ne reste rien.
Sur l’emplacement qu’elles occupaient, il y a quarante-huit heures encore, entre les collines crayeuses du plateau de Montagnan et le canal du Loing, ce n’est plus maintenant qu’un amoncellement énorme et difforme de ruines.
Comme l’annonçait, dès hier, le Petit Parisien, c’est une catastrophe qu’il nous faut déplorer aujourd’hui. Elle est entière, puisque, aux dégâts matériels considérables, viennent s’ajouter sept victimes qui ont péri d’une mort atroce, assommées par la chute de moellons énormes tombant sur elles, ou étouffées sous les décombres avant qu’on ait eu le temps de leur porter secours.

La colline était minée

Les ingénieurs qui, au point de vue technique, constatent les accidents et en discutent les causes, mais les prévoient rarement, estiment, - du moins quant à présent, - que les pluies abondantes tombées ces jours derniers ont déterminé des fissures profondes dans les terrains en déclivité de la colline de Montagnan et ont amené les éboulements qui ont tout rasé sur leur passage.
Les gens du pays expliquent, avec beaucoup de bon sens, que l’événement était prévu, mais que l’on en avait retardé l’échéance comme hypothétique et qu’en conséquence on avait toujours ajourné les mesures de protection préventive qu’il aurait fallu prendre.
- En effet, précisent-ils, depuis cinquante ans et davantage peut être, toute la partie du sol qui vient de s’effondrer était creusée sur une étendue de plusieurs kilomètres. Des cavités que l’on pratiquait, au fur et à mesure des besoins, en faisant le plus souvent usage de la dynamite, on extrayait du blanc d’Espagne.
Certaines de ces galeries souterraines atteignent, dans beaucoup d’endroits, jusqu’à 10 et 20 mètres de hauteur. La conséquence de ces coups de mine fréquemment renouvelés s’était déjà manifestée par un affaissement inquiétant. Les terres, mal étayées, auxquelles il manquait un point d’appui, devaient fatalement un jour on l’autre provoquer une catastrophe que l’affluence des eaux n’a fait que précipiter.
Eu effet, sur une longueur de plus de huit cents mètres, le plateau a été entamé. D’énormes crevasses se sont ouvertes tout à coup. Autour d’elles, à des intervalles très éloignés les uns des autres, d’inquiétants fendillements du sol marquent le travail de désagrégation qui a commencé, et qui, lentement mais sûrement, continue et constitue pour le piéton le plus grand danger

Ensevelis

L’événement se produisit, comme vous le savez, vendredi, après le déjeuner.
Le matin, de bonne heure, l’éclusier Putois et sa femme avaient pu regagner leur demeure, qu’ils s’étaient vus contraints d’abandonner la veille.
Le niveau des eaux, qui couvrent en partie la campagne depuis Nemours et au-delà, accusait une baisse très sensible. Et cette constatation était venue à point redonner un peu d’espoir aux habitants apeurés de Lorroy.
Putois était allé porter la bonne nouvelle aux époux Blondeau, qui l’avaient engagé à partager leur repas avec sa femme, qui était venue le rejoindre, et Eugène Sauvageon, le garde du canal ; ils se trouvaient tranquillement attablés quand soudain ils entendirent un grondement sourd et prolongé.
Prise d’un sinistre pressentiment, Mme Blondeau se leva :
— Nous sommes perdus ! fit-elle.
A peine avait-elle poussé ce cri de détresse que le plafond s’entrouvrait et que la maison entière s’effondrait.
M. Blondeau et sa femme, de même qu’Eugène Sauvageon, furent tués sur le coup. Presque en même temps, leurs voisines, Mme veuve Beaulieu et sa fille Eugénie, qui venait d’avoir dix-sept ans, succombaient de la même façon ainsi qu’un ouvrier carrier, Léon Lemot, qui, seul, habitait une bicoque appartenant à la propriétaire de l’exploitation.
Avec le petit Modeste Gilet, un enfant de deux ans, ils sont sept dont les cadavres demeurèrent jusqu’au soir sous les décombres.
Que d’efforts, que de peine éprouvèrent les sapeurs du génie pour les découvrir parmi les matériaux et les débris de toutes sortes accumulés sur eux !…
A l’heure actuelle et en dépit des recherches opiniâtres qui, pendant toute la journée d’aujourd’hui, se sont poursuivies sans relâche, le corps de Léon Lemot n’a pas encore été retrouvé.
Comme une secousse sismique, l’éboulement de la colline de Montagnan dura quelques secondes à peine. L’effet en fut terrible et foudroyant. Il se pourrait que des poudres détonantes, laissées par les ouvriers dans l’un des souterrains, en vue d’une trouée future, aient explosé, donnant une force de projection,  plus grande encore aux blocs de terre qui se détachaient de la colline, car au moment même où, comme une trombe, ils s’abattaient sur les maisons, les habitants de Dordives, du Grand-Moulin et des Varennes assurent avoir entendu une détonation semblable à celle d’un coup de canon…

Les survivants

Ceux qui, les premiers, arrivèrent à Lorroy restèrent un moment pétrifiés, glacés d’épouvante.
De quelque côté que se portaient leurs regards, ils ne voyaient rien. A leurs pieds, une masse confuse de pierres, de plâtras, de briques déchiquetées, accumulés en tas d’où émergeaient ça et là des objets hétéroclites, de pauvres choses sans nom. Les gémissements, les lamentations des blessés les rappelèrent au sentiment de la réalité.
De ce chaos, ils tirèrent l’éclusier Putois et sa femme, les époux Gilet et un nourrisson de quelques mois, qui leur avait été confié, le petit Loison. dont la mère, une mécanicienne, habite Asnières.
J’ai vu, à Château-Landon dans la maison de M. Oudin, leur parent, où ils avaient été transportés, M. Putois et sa femme.
Tous deux ont été grièvement atteints et la commotion cérébrale qu’ils ont ressentie est grande.

Le récit du « rescapé »

Tandis que sa femme, qui a une épaule démise et peut à peine parler, est obligée de garder le lit, M. Putois est assis près d’une cheminée, une jambe étendue sur une chaise :
— Ah ! nous pouvons dire que nous l’avons échappé belle ! Nous nous demandons encore comment nous en sommes revenus !…
Depuis deux nuits, ma maison ayant été envahie par l’eau, je couchais chez Blondeau. Et je me souviens maintenant qu’à différentes reprises je fus réveillé par des craquements dont je cherchais en vain à m’expliquer la cause. Ça grinçait aussi et je crus que c’étaient les rats…
Quand la catastrophe est arrivée, nous étions à table. Nous prenions le café. J’ai vu le plafond s’entrouvrir tout à coup, puis se soulever très haut. Alors, je compris ce qui allait se passer. Instinctivement, j’appuyai ma tête sur la table et je lui fis un bouclier de mes bras. En même temps, je fermai les yeux.
J’entendis un fracas épouvantable. Tout croulait autour de moi. Etais-je blessé ? Ne l’étais-je pas ? Je n’aurais su le dire.
Tout à coup, je sentis que le sol se dérobait sous moi et j’eus la sensation d’être porté par les eaux. Je ne voyais rien. L idée me vint que je devais avoir été précipité dans une cave !…
Mais non. Tout cela n’était qu’illusion. J’ouvris les yeux, je vis le jour. Je tâtai mes vêtements : ils n’étaient pas mouillés. Je regardai autour de moi et cherchai à m’orienter. Je ne reconnaissais plus rien… J’eus le vertige… J’ai cru que j’étais devenu fou !
Alors, de toutes mes forces, j’appelai ma femme et je fus pétrifié quand je l’entendis murmurer, tout près de moi :
— Je suis là !… Ne crie pas !…
En effet, je n’avais qu’à étendre le bras pour l’atteindre, et je ne l’avais pas vue…
Nous étions tout deux sur la route, par terre, à trente mètres au moins de la maison de Blondeau. Jamais nous ne pourrons expliquer comment nous avons été transportés là…
Les autres blessés sont soignes à l’infirmerie de l’hospice des vieillards, à Château-Landon. Il n’en est pas, parmi eux, qui soient en danger de mort.
Les travaux de déblaiement par les soldats du génie et des fantassins venus de Fontainebleau n’ont cessé qu’à une heure tardive de la soirée. Ils seront repris ce matin et l’on s’efforcera de dégager le corps de Lemot qui a été enseveli, croit-on, sous les débris de sa maison.

(Le Petit-Parisien N°12139, 23 janvier 1910) L’illustration de l’article précédent est tirée de cet article.

Vous pouvez retrouver les cartes postales de la catastrophe sur le site http://inondation1910.free.fr

Un hameau englouti en Seine-et-Marne

Samedi, janvier 16th, 2010

Avec 5 jours d’avance, voici le récit de la Catastrophe de Lorroy (21 janvier 1910)

Fontainebleau, 21 janvier
Un effroyable accident vient de se produire au hameau de Lorroy, commune de Château-Landon.
Le Fusain, petit cours d’eau venu de département du Loiret et qui arrose la pittoresque vallée de Château-Landon avant d’aller se jeter dans le Loing, a, comme toutes les rivières du département, débordé, par suite des pluies, et inondé la région.
Le hameau de Lorroy tire sa principale industrie et ses plus importantes ressources des caves à blanc d’Espagne creusées dans son sous sol et appartenant à Mme veuve Beaulieu.
Par suite des ravages de l’inondation dans le sous-sol, ces caves se sont effondrées, ce soir, vers quatre heures, ensevelissant toutes les maisons du hameau, une vingtaine environ.
Il y a de nombreuses victimes, non seulement des habitants du hameau, mais aussi de nombreux curieux qui s’étaient rendus à Lorroy pour voir les inondations.
On a sonné la générale dans les rues de Château-Landon et tous les habitants de cette ville sont sur les lieus, distants de quatre kilomètres.
On a déjà retiré cinq cadavres parmi lesquels ceux de Mme Beaulieu et de sa fille ; ceux de M. et Mme Blondeau.
Huit blessés sont transportés à l’hôpital de Château-Landon. De nombreuses personnes sont encore sous les décombres.
Du secours a été demandé télégraphiquement à Montargis mais par suite de l’arrêt des communications, c’est à Fontainebleau qu’est parvenue l’affreuse nouvelle.
La troupe de la garnison va partir sur les lieux. Je m’y transporte aussi. Le Parquet vient d’être prévenu et part en auto.

Le Petit Journal N°17193, samedi 22 janvier 1910

Lorroy 1910