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La crue de 1910 (13)

Jeudi, janvier 28th, 2010

28 janvier 1910

C’est le 28 janvier que la crue atteint son Maximum à Paris : 8,62 mètres.

L’inondation actuelle, dont notre génération n’a pas le souvenir, a quelque chose de grandiose et d’impressionnant. Elle pourra compter parmi les plus désastreuses aussi et surtout parmi les plus subites.
Depuis vendredi, à Melun, les quais Saint-Ambroise, de la Verrerie, Pasteur, d’Alsace-Lorraine, etc., disparaissent partiellement ou totalement sous les eaux, et dans les bas quartiers (rues au Lin, du Presbytère, Vaugrain, des Potiers et des Marais), la nappe atteignait en certains endroits 1 mètre 60. Des secours furent immédiatement organisés par la compagne de Sapeurs-Pompiers et des soldats de la garnison.
Des passerelles de fortune et des barques réquisitionnés un peu partout purent assurer dans la mesure du possible le pilotage sur les voies envahies.
De gros préjudices seront supportés par la maison E. Barbier, confiseur, dont la fabrique a été complètement envahie par l’Almont. M M. Brandin, entrepreneur de menuiserie, Ganot frères (scierie mécanique), Dethire frères (tannerie), Moissy et Darnault (vins en gros), etc., subiront également de grosses pertes.
A Melun, pendant toute la durée de la crue l’activité commerciale, à l’exception des métiers de bouche, s’est trouvée en partie suspendue.
De tous côtés, on ne s’abordait que pour se demander anxieusement si le mouvement ascensionnel allait prendre fin.
Privés de gaz et d’électricité, les imprimeries de la ville ont dû faire chômer leurs machines. Le soir venu, les rues et les magasins, privés d’éclairage, avaient un aspect lugubre et navrant. Les eaux de consommation, contaminées par les infiltrations des égouts et des fosses d’aisances, ont causé plusieurs cas d’empoisonnement. Le flot ayant envahi la rue du Château, on fut obligé de transférer le service de la caisse et des guichets de la Trésorerie Générale à la Préfecture.
En divers endroits sur la ligne P.-L.-M., notamment près de Villeneuve-Saint-Georges, la situation a été des plus critiques. Les ingénieurs ont tout fait, on le comprend, ainsi que le haut personnel et les employés très dévoués, pour éviter un arrêt des communications, un désastre pour Paris comme pour la Province.
Dès lundi, la situation devenait grave sur le réseau menacé d’être coupé complètement de Paris.
Depuis lundi les voyageurs allant à Paris ont subi des retards considérables (environ 4 heures) les trains ne pouvant marcher à partir de Brunoy qu’avec une très prudente lenteur car les voies étaient sous l’eau et on pouvait craindre à tout instant un éboulement, par suite l’interruption absolue de la circulation, une catastrophe.

(L’indicateur général de S&M, samedi 29 janvier 1910)

ELD 14

ELD N°14 - Melun - Rue au Lin - © collection LV

L’eau a commencé à baisser à Melun, mais pas à Paris. La vue ci-dessus nous montre le quartier Saint-Aspais. Les zones les plus touchées auront été les quais de la Seine, le quartier de la Varenne (piscine actuelle), le quartier Saint-Aspais et les zones proches de l’Almont, probablement jusqu’à l’actuelle Pénétrante.

La crue de 1910 (12)

Mercredi, janvier 27th, 2010

27 janvier 1910

La situation devient désolante et pourtant le fleuve a commencé à baisser, environ vingt centimètres. Le Loing, l’Yonne sont également en baisse. Mais la ligne P.L.M. ne fonctionne plus, les trains arrivant à Melun ne parviennent plus que de Villeneuve et Montgeron. On est sans électricité et sans gaz.

( le Petit journal N°17199, 28 janvier 1910)

ELD 2

ELD N°2 - Melun - Pont de l’ancien Châtelet - © collection LV

Sans doute la vue la plus impressionnante de la Seine à Melun. On voit que l’eau a failli être bloquée par le pont, ce qui aurait fait monter encore le niveau… On remarquera aussi la neige sur les toits. Il existe une autre carte du même pont (ELD 1) mais en aval, ce qui est un peu moins impressionnant.

La crue de 1910 (11)

Mardi, janvier 26th, 2010

26 janvier 1910

je n’ai pas trouvé d’article intéressant pour cette journée, seulement à peu près le même qu’hier : La Maison centrale de Melun inondée (La Croix N°8234, 27 janvier 1910).

Les journaux régionaux parlent plus de Paris et de la banlieue proche. Les transports sont coupés, les lignes télégraphiques aussi, ce qui ne doit pas faciliter les publications. Pour compenser, je publie aujourd’hui 2 cartes postales anciennes :

ELD 10

ELD N°10 - Melun - Rue Saint-Liesne  - © collection LV

Au fond, on aperçoit la Fontaine Saint-Jean, qui symbolise les 3 principales rivières du département : la Seine, la Marne et l’Yonne. Il existe une autre carte de la rue Saint-Liesne, montrant l’autre côté : ELD 11. Ces 2 vues ont parfois comme légende : Rue Saint-Quiesne.

ELD 13

ELD N°13 - Melun - Rue des Marais - © collection LV

La rue des Marais s’appelle aujourd’hui, rue Camille-Flammarion. Il existe 2 cartes postales de cette rue : ELD 15 et 17.

La crue de 1910 (10)

Lundi, janvier 25th, 2010

25 janvier 1910

Melun : De nombreuses maisons sont étayées, menaçant de s’effondrer. A la Maison centrale, inondée par infiltrations d’environ un mètre, les détenus s’agitent : il a fallu les rassurer. Trois d’entre eux ont été retirés des cellules-caves quelques minutes avant que celles ci ne soient submergées. Le préfet de Seine-et-Marne et le commandant de gendarmerie circulent dans les rues inondées, engageant les habitants à quitter leurs demeures menacées d’éboulement.

(le Petit journal N°17197, 26 janvier 1910)

ELD 5

ELD N°5 - Melun - Quai de la Courtille - © collection LV

La crue de 1910 (9)

Dimanche, janvier 24th, 2010

24 janvier 1910

Montereau : cette nuit le vent a soufflé avec rage ; aujourd’hui encore, il soulève en vagues les eaux débordantes ; la pluie tombe à torrents entrecoupée de rafales de grêle. Les rues de la ville restent sous l’eau ; la promenade principale est convertie en un lac immense. Les usines sont impraticables. Le chômage est général.
(le Petit journal N°17196, 25 janvier 1910)

La Seine à Melun : la panique s’est fait sentir à Melun. Hier soir, l’avenue des Marronniers, les quais Pasteur, des Fourneaux, de la Courtille étaient submergés, et le quartier bas était envahi. En vain on invitait les habitants à se réfugier dans les locaux mis à leur disposition par la municipalité ; la plupart ne voulaient pas quitter les immeubles et se blottissaient les uns contre les autres sous les combles. A dix heures, comme on manifestait des craintes pour les ponts, on a sonné la générale, notamment dans les quartiers Notre-Dame, Saint-Aspais et Saint-Ambroise. Défense de stationner sur les ponts, qui pourraient s’écrouler sous le choc d’une grosse épave. Deux sections du 31e de ligne ont sauvé des habitants et en ont ravitaillé d’autres. L’électricité faisant défaut, la ville était plongée dans les ténèbres. dans les caves de la Banque de France clapotait une eau bourbeuse. Enfin, la prison était cernée par les eaux, et les locaux où s’effectue d’habitude le travail obligatoire étaient inaccessibles.

(Le Briard, mercredi 26 janvier 1910)

ELD 7

ELD N°7 - Melun - Le Pont de fer (pont aux moulins) - © collection LV

La crue de 1910 (8)

Samedi, janvier 23rd, 2010

23 janvier 1910

Montereau privé de pain

On craint pour les ponts de Melun
A Melun, la Seine continue à monter avec rapidité. La cote atteint actuellement 5 mètres 80, dépassant de 52 centimètres celle de 1866.
Dans plusieurs quartiers les secours sont portés aux habitants au moyen de barques.
Hier soir, on a sonné la générale. Deux maisons qui menaçaient ruine ont été évacuées. Il est interdit de stationner sur les ponts, car on craint pour ceux-ci qui sont à la merci d’une grosse épave.
Les quartiers Notre-Dame, Saint-Aspais et Saint-Ambroise sont dans une situation très inquiétante.

(le Petit Parisien N°12140, 24 janvier 1910)

ELD 3

ELD N°3 - Melun - Le Pont de fer (pont aux moulins) - © collection LV

La crue de 1910 (7)

Vendredi, janvier 22nd, 2010

22 janvier 1910

A Melun, le tramway électrique a suspendu son service ; la voie du tramway départemental de Verneuil est sous l’eau. En gare, le service s’arrête à la station de Trois-Moulins.
La crue de 1866 est dépassée et le service de la navigation annonce que la crue va encore augmenter jusqu’à demain, lundi [24].

(le Petit journal N°17194, 23 janvier 1910)

On voit, sur la carte ci-dessous, la gare du Mail Gaillardon et une voiture du Tacot de Verneuil dans l’eau.

Crue mail Gaillardon

ELD N°16 - Melun - rue de Gaillardon - © collection LV

La crue de 1910 (6)

Jeudi, janvier 21st, 2010

21 janvier 1910

Au service hydrométrique du bassin de la Seine, on nous a déclaré que cette crue était comparable aux crues mémorables des années 1872, 1878, 1879, 1882 et 1883.
Le maximum atteint pendant la crue de 1878 a été de 6 m. 50 au pont de la Tournelle et de 7 m. 30 au pont Royal, et nous n’en sommes pas encore, heureusement, à ces chiffres formidables. Dans l’après-midi d’hier, on cotait 4 m. 62 au pont de la Tournelle et 5 m. 77 au pont Royal.
Mais la hausse continue et voici quelles étaient les prévisions d’hier soir (environ d’ici à lundi [24]) à Paris :
Pont d’Austerlitz, la côte 5 m. 90 ;
Pont de la Tournelle, la côte 5 m. 70 ;
Pont Royal, la côte 6 m. 60 ;
et à Bezons, la côte 6 m. 30.
Crue analogue à celle de 1882/1883. Maxima atteints sur les affluents de l’Yonne.

On a lu plus haut le véritable désastre survenu au hameau de Lorroy, près de Château-Landon ; mais tout le département a souffert des inondations.

A Melun, la crue de la Seine continue progressivement, et le service de la navigation annonce officiellement que le fleuve montera encore environ d’un mètre. A Melun, on cotait hier soir 5 m. 10 ; le niveau de l’inondation de 1866 sera dépassé.
Vers 5h40 l’usine d’électricité a cessé de fonctionner par suite de l’eau qui a envahi l’établissement. La ville a donc été sans lumière électrique et sans force motrice.
Un négociant en bois, M. Boussaingault, a vu disperser par le flot deux mille stères.

(le Petit journal N°17193, 22 janvier 1910)

ELD 4 bis

ELD N°4 (bis) - Melun - Le grand moulin - © collection LV

La crue de 1910 (5)

Mercredi, janvier 20th, 2010

20 janvier 1910 : la crue s’intensifie mais on ne parle pas encore de Melun dans les journaux régionaux.

Hier soir, le service hydrométrique communiquait la note suivante : Seine à Paris
Confirmation d’annonce de crue.
D’après les nouvelles des stations météorologiques, la crue de la Seine signalée précédemment, pourra atteindre (environ d’ici dimanche 23 janvier), à Paris :
Pont d’Austerlitz, la côte 5 m. 00 ;
Pont de la Tournelle, la côte 4  m. 80 ;
Pont Royal, la côte 5 m. 80 ;
Et à Bezons, la côte 5 m. 60.
Crues générales.

(le Petit journal N°17192, 21 janvier 1910)

Je commence à publier une série de cartes postales de Melun (éditeur ELD). La vue ne correspond pas forcement à la date de l’article …

ELD 4

ELD N°4 - Avenue des Marronniers - Octroi de Vaux - © collection LV

La crue de 1910 (4)

Mardi, janvier 19th, 2010

19 janvier 1910 : Le mauvais temps ne touche pas que la région parisienne.

Tandis que le vent, soufflant en tempête, dévaste les régions maritimes et cause des naufrages, les crues provoquées par l’abondance de pluies prennent dans beaucoup de contrées et notamment aux environs de Paris des proportions inquiétantes.
Le mauvais temps continue. Les ruisseaux et rivières débordent et, de nouveau, dans la région parisienne, la Seine vient de sortir de son lit. Cette conséquence est due à l’apport considérable des affluents du grand fleuve : l’Yonne, la Marne et le Grand-Morin, dont
le Petit Journal annonçait, hier, la crue inquiétante.
Sur les bords de la Seine, on travaille activement pour mettre en lieu sûr les matériaux. A Bercy, on a été surpris par la rapidité de l’élévation du niveau de la Seine ; aussi des fûts, qui n’ont pu être rentrés à temps, baignent dans l’eau.
L’écluse de Port-à-l’Anglais a été ouverte, hier matin, et l’heure est proche où il faudra ouvrir le barrage de Suresnes pour faire baisser les eaux dans la traversée de la capitale.
On prévoit, au service de la navigation, une nouvelle crue d’ici deux ou trois jours.
On va voir que la tempête, les crues et les inondations sont presque générales en France et que l’étranger n’est pas épargné par le mauvais temps…

(le Petit journal N°17191, 20 janvier 1910)