Société laitière Maggi, 1914 (3)
Entre 1900 et 1914, la tension va grandissant entre la France et l’Allemagne. On sent la guerre venir et tout ce qui concerne les intérêts « prussiens » en France est suspect. C’est dans cet état d’esprit qu’une rumeur, sans doute alimentée par des concurrents, accuse la société Maggi d’espionnage.
Henry de Monfreid en parle un peu dans ses ouvrages. J’ai découvert par hasard que le père d’Henry en parle, sans citer le nom de la société, dans un article du journal La Montagne (journal républicain des Pyrénées-Orientales), en septembre 1905. Il reprend les propos d’un soit disant ami habitant la région Nord de Paris, on ne peut s’empêcher de penser à son fils Henry :
« Dans cette région une compagnie Suisse a organisé une industrie laitière, créant une sorte de monopole pour la centralisation du lait, et son expédition à Paris. Peu à peu, et à mesure que les dépôts étaient installés, que leur approvisionnement était assuré, on évinçait tous les employés en les remplaçant par des employés Suisses ou Allemands.
Or, dans chacun de ces dépôts de laiterie, on établissait une sorte de statistique énumérant les bestiaux de tous les propriétaires des environs, la quantité de fourrage qu’ils récoltent, la disposition et la contenance de leur étables, etc., etc., et bien d’autres détails tout à fait typiques. Comme cette compagnie englobe ainsi trois ou quatre départements elle possède sur la région Nord-Ouest de Paris un système de renseignements de la plus haute importance pour une armée qui aurait à se ravitailler, à se cantonner sur notre territoire. »…
S’agit-il d’un règlement de compte familial envers la société ? Sans doute, car Henry se mariera en août 1913 avec une allemande, Armgart, une amie de son père, fille du gouverneur de l’Alsace, à Strasbourg. Ce dernier sera présent au mariage de sa fille, à Corneilla-de-Conflent, en présence de notables Républicains…
En janvier 1913, l’accusation sera reprise par Léon Daudet, le polémiste royaliste, dans un article de l’Action Française. Maggi intentera un procès en juillet 1913 mais l’affaire traînera. Il faudra attendre 1920 pour que Daudet soit condamné pour diffamation ; le jugement reconnaîtra cependant que Maggi a fait preuve d’imprudence… (source www.maupas.net).
(à suivre)