La crue de 1910 (2)

Avant de commencer le chronologie de la crue de 1910, je vais aborder les causes et la situation climatologique. J’ai extrait les passages suivant d’un ouvrage de 1911 que l’on trouve en ligne sur le site Persée, portail de revues scientifiques (Annales de Géographie. 1911, t. 20, n°110 ; article de L. Gallois, p.112 à 121)

La saison chaude (1er mai-1er novembre) de 1909 avait été particulièrement pluvieuse dans le bassin de la Seine. La moyenne des précipitations s’élevait à 435 mm, très supérieure à celle de 371 mm résultant des observations faites depuis 29 ans. L’expérience montrait qu’on pouvait s’attendre, au début de l’hiver 1909-1910, à une ou plusieurs périodes de hautes eaux. Le point de ruissèlement, pour les terrains imperméables, et le point de saturation, pour les terrains perméables, étaient à peu près atteints.

Des pluies répétées, en novembre et décembre 1909, déterminèrent à Paris des crues de plus de 3 m. au pont d’Austerlitz, avec maximum le 7 et le 31 décembre. Le débit des sources augmentait dans une forte proportion. Celle de la Seine passait de 916 l. par seconde, le 29 novembre, à 2678 l., le 15 décembre, et à 2235 l., le 3 janvier.

La décroissance commençait à peine, lorsque de nouvelles pluies survinrent, dès le 9 janvier. Du 18 au 21, de véritables torrents d’eau déterminèrent une crue exceptionnelle et presque subite de l’Yonne, du Loing et du Grand Morin, c’est-à-dire des rivières venues de régions en grande partie imperméables. L’influence de ces montées subites devait se faire sentir sur la Seine, à Paris, dans un délai de un jour et demi à quatre jours au plus. Dans la journée du 20, la crue dépassait 1 m. au pont d’Austerlitz ; elle était plus forte encore dans la journée du 22.

En même temps se produisaient des crues extraordinaires sur la haute Seine et la Marne ; l’effet en était attendu à Paris pour le 27 et le 28. Or, le 23, une dépression barométrique de 33 mm. en 24 heures déterminait une recrudescence des pluies. Un nouveau flot de l’Yonne, du Loing, du Grand Morin venait se superposer à celui de la haute Seine et de la Marne, et les eaux atteignaient, le 28, 8 m.62 au pont d’Austerlitz. C’est, comme on sait, la plus forte crue qui ait été enregistrée pour la Seine depuis celle de 1658, évaluée par Belgrand à 8 m.81 au pont de la Tournelle, au lieu de 8 m.42 au même pont en 1910. Ces nombres sont, d’ailleurs, peu comparables, en raison des modifications apportées au lit du fleuve.

En somme, la Seine avait monté, en 9 jours, de 5 m.64 au pont d’Austerlitz. Jamais on n’avait observé de crue aussi soudaine. La décroissance fut également très rapide : le 7 février, le niveau était redescendu à 4 m.50 au pont d’Austerlitz.

A partir du lundi 18, je commencerais à publier des extraits de journaux régionaux (ou nationaux) d’époque pour montrer l’évolution de la crue à Melun, ou dans la région. J’aborderais aussi(peut être avant), un évènement survenu le 21 janvier 1910 : la Catastrophe de Lorroy.

Je vous signale un lien vers un article sur ces mêmes inondations, à partir de journaux d’époque, disponibles aux Archives Départementales : La crue de 1910 à la une

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