Ru de Voisenon et géologie…
Quand le ru de Voisenon (ou de Rubelles) pose problème aux géologues pour déterminer si le fait qu’il ne coule pas au fond d’une vallée est du au travail de l’homme ou à une cause naturelle (extrait du Bulletin de la Société géologique de France 1847) :
[…] appelé l’année dernière par le tribunal de Melun à donner, conjointement avec MM. Gentilhomme et Defresnes, ingénieurs des ponts et chaussées, un avis dans un procès très important, qui tenait précisément à cette curieuse circonstance géologique (1), j’ai pu constater que, même à la fin de la grande sécheresse qui a signalé l’été de 1846, ces sources n’avaient point tari complètement, et continuaient à alimenter les cours d’eau. […]
(1) II s’agissait de déterminer si le ru de Voisenon, qui fait tourner le moulin de Rubelles, suivait son cours naturel, ou s’il n’avait pas été détourné à cet effet par la main des hommes. Cette question grave et très importante pour tous les propriétaires riverains, menacés de se voir enlever une partie de leurs propriétés, était fort difficile à résoudre, car il n’y avait aucun travail d’art, et il s’agissait d’apprécier un fait qui remontait à des temps très reculés. Nous croyons cependant avoir résolu la question d’une manière incontestable en faveur des propriétaires riverains ; car s’il est vrai de dire, en thèse générale, d’après les principes de l’hydrostatique, que les eaux tendent toujours à parcourir, à la surface du sol, la ligne de plus grande pente, ces principes ne sont cependant pas absolus, surtout dans le cas d’un plan très peu incliné, où la gravité qui meut la masse fluide est très petite pour vaincre les moindres obstacles qui s’opposent à la direction qu’elle tend naturellement à prendre, celle de la ligne de plus grande pente. Le petit ru de Voisenon présente un de ces cas exceptionnels ; car son cours s’est trouvé en partie détourné de la ligne de thalweg, d’abord par les nombreux blocs de grès de Fontainebleau restés disséminés à la surface du sol, comme autant de témoins irrécusables des dénudations qui, dans cette contrée, ont enlevé successivement les parties meubles de ce terrain, et ensuite par une de ces lignes de surgissement aquifère que je viens de signaler à la base des calcaires siliceux, qui se manifeste sur le revers gauche du vallon de Rubelles, un peu au-dessus de la ligne de thalweg, et détermine, a la limite des alluvions fluviales récentes, une zone de sources qui, en tenant le sol constamment détrempé, a dû nécessairement y fixer de préférence le cours du ru qui venait déboucher en face, s’y mêler et s’y alimenter.