Voyage en France (1906)
2 extraits de ” Voyage en France : la Brie ” d’Ardoin-Dumazet (1906), Berger-Levrault & Cie, éditeurs :
Le premier sur l’Almont de Vaux-le-Vicomte à Melun : “ Les beaux domaines manquent un peu d’ondes vives, sauf Vaux-le-Vicomte où le ru d’Ancoeur, appelé aussi Anqueuil ou Almont, avait été aménagé. Les eaux de ce ruisseau ont été engouffrées, sont revenues au jour, se sont perdues encore avant de renaître enfin à la lumière pour être captées à Vaux.
L’Anqueuil est l’humble naïade chantée par La Fontaine dans son élégie aux nymphes de Vaux.
Après avoir traversé le parc, il se creuse un joli ravin dans lequel Maincy dévale gentiment pour finir au bord du ru qui s’appellera désormais l’Almont. Ce petit val est charmant, aux Trois-Moulins surtout ; il semble inviter les peintres.
Plus bas, on devine l’approche d’une ville, des jardins maraichers bordent les deux rives de l’Almont, des constructions apparaissent, voici une caserne ; une tannerie et d’autres usines bordent le flot qui se souille. Sur la colline de hautes constructions s’étagent. Nous sommes à Melun. “
Le second sur le Montois et ses laiteries : ” De Maison-Rouge, une route inflexiblement droite se dirige sur Mons à travers le plateau frais et riant, grâce aux petits bois et aux rangées de peupliers. De ces groupes d’arbres s’élèvent beaucoup de chants d’oiseaux,les pinsons et les alouettes mettent la joie dans l’air et sur la glèbe. Les villages sont loin ; à peine une ou deux fermes.
A côté de celle de Gourtemont, une dépression humide possède des prairies très vertes ; on voit miroiter des mares. Ce pli est parcouru par le ru de la Vallée-Gobin ; ici nait l’Auxence, qui va se creuser le joli vallon de Donnemarie.
On se rapproche des centres habités, voici là-bas Sognolles-en-Montois ; plus près de la route, Cessoy, assis entre les arbres à la naissance d’un ravin parcouru par un ru. Le paysage s’agrandit, on découvre toute la Bassée, ou vallée de la petite Seine avec ses larges prairies et ses peupliers innombrables, au delà s’élèvent de petites collines derrière lesquelles coule l’Yonne. Dans l’axe de la route le sommet du clocher de Mons semble jalonner le passage.
En ce moment, les campagnes sont solitaires. Les champs, où les blés se moirent déjà sous la brise, où les betteraves font de longues lignes d’un vert tendre, n’ont pas besoin de la main du cultivateur ; la vie rurale se confine un peu à l’intérieur des fermes remplies de bétail, dont le lait est transporté aux laiteries ou à la gare. Nombreuses sont les voitures chargées de grands pots étamés, qui cahotent en entre-choquant les récipients sonores.
Le chemin borde le village de Cessoy, sans y pénétrer; les maisons se blottissent au fond de la combe, enveloppées de noyers à la grande ramure. Le versant opposé est tapissé de bois. ”